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Libération
Interview

«Ecrire la vérité, c’est possible»

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Le cahier Livres de Libédossier
[Le livre qui a changé votre vie 1/6] . Il en est de la lecture comme de l’amour, le premier émoi transforme à jamais le regard que l’on pose sur le monde. Aujourd’hui, deux jeunes racontent leur entrée en littérature.
publié le 3 août 2012 à 19h07

Fanny, 20 ans, et Louis, 14 ans, ne se connaissaient pas avant cet entretien. Ils ont en commun d’être devenus lecteurs, sans que cela ne procède d’une évidence.

Vous vous souvenez d’avoir appris à lire ?

Fanny : L'horreur. Il y avait des phrases au tableau à répéter le soir. Les mots se défilaient. J'en fais encore des cauchemars. Je suis passée en CE1 sans savoir lire, et je ne savais pas plus en CE2, ni par la suite. Il y avait une magie, la lecture, dont j'étais écartée. J'ai rassuré mes parents en leur disant que ce n'était pas grave, car mon rêve, c'était de devenir clocharde. Ma mère a ri. Mon père, moins. En revanche, quand le soir ils me lisaient une histoire, les livres me plaisaient. C'était le Petit Nicolas pour mon père, et les Mille et Une Nuits pour ma mère.

Louis : La lecture, c'était rien. Je ne voulais pas apprendre. Je détestais tout ce qui relevait de la lecture. Je n'aimais pas qu'on me raconte des histoires. Si j'avais envie d'en avoir une dans ma tête, je préférais l'inventer. Rien que les titres : Babar, le Petit Nicolas. Je ne supportais pas. Il a une vie pourrie, le Petit Nicolas. Il se lève, il va à l'école. Je suis passé en CE1 sans savoir lire.

Vous lisez beaucoup. Comment êtes-vous passés d’un bord à l’autre ?

L. : Jusqu'à il y a deux ans, je n'avais lu aucun livre. Mais un soir, à 12 ans, dans la maison de vacances, j'ai pris un roman, et j'ai commencé. Je n'arrivais pas à m'endormir, donc je continuais à le lire. C'était tellement exceptionnel que ma mère m'a laissé éteindre à 3 heures du matin.

Vous souvenez-vous du titre ?

L. :