Les changements du paysage français se lisent dans la littérature de la rentrée. C'est naturellement leur enfance, c'est leur jeunesse que les romanciers arpentent en faisant l'inventaire du temps passé, mais les fractures qu'ils mettent au jour ne sont pas seulement celles de leur vie propre. Sans quitter le monde du sensible et de l'intime, François Bon, le champion de l'ère numérique, prend la mesure d'un basculement de civilisation à travers Autobiographie des objets (Seuil), un panorama qu'il a entrepris sur son site internet (www.tierslivre.net). Aucun fétichisme dans les mythologies de Bon, qui commencent avec l'âge du nylon et se terminent avec l'image primitive de «l'armoire aux livres». Né en 1953, l'écrivain est de la génération de la deux-chevaux («quatre roues sous un parapluie») et de la DS 19, du transistor, de la première autoroute et des débuts de l'ordinateur, «l'Atari 1040 en 1988». Il ne pleure pas les outils de l'ancien monde - le monde d'avant la dématérialisation -, il les inventorie pour mieux se souvenir de ceux qui en ont eu l'usage et la maîtrise, à commencer par le jeune homme qu'il était.
Un jeune homme des années 80, choyé par deux hommes dans un somptueux confort, ainsi se présente Claude Arnaud. Né en 1955, il a fêté les années 70 effervescentes dans son roman précédent, Qu'as-tu fait de tes frères ? Pas de nostalgie pour «la nef des fous» dans Brèves sa