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Assumez le hardcore désinhibé

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Le cahier Livres de Libédossier
[Brouillon de culture 5/6] . Conseils au romancier qui sommeille en vous.
publié le 23 août 2012 à 19h06

C’est l’été : profitez-en pour écrire votre premier roman. Nous fournissons la première phrase (primée par le prix américain Lyttle Lytton du pire incipit) ainsi que quelques conseils.

«Avant d’être renversé par ce putain de bus, je n’avais jamais beaucoup réfléchi, mais maintenant je pense UN MAX».

Introduction singulière, qui avance une chose tout en prouvant son contraire. Car il est évident que l'accident a eu des conséquences moins bénéfiques que n'a l'air de le penser le narrateur. Une personne qui affirme - en lettres capitales de surcroît - qu'elle «pense un max» a probablement perdu beaucoup de sa faculté de jugement. Cet incipit va-t-il introduire les confessions d'un idiot ou d'un original ? Oubliez jusqu'à cette idée, trop de grandes œuvres ont déjà été écrites autour de tels personnages : Des fleurs pour Algernon (Daniel Keyes), le Journal d'Edith (Patricia Highsmith), la Conjuration des imbéciles (John Kennedy Toole) pour ne citer que les plus fameux. Ne vous rendez pas ridicule dès votre premier roman, la vie est longue, d'autres occasions se présenteront.

Tracez plutôt votre propre chemin, faites du neuf. Imaginez, par exemple, que le type renversé par le bus est mort et que son cerveau est désormais conservé dans un bocal. Or, il baigne dans une sorte de formol qui, miraculeusement, a maintenu l'organe en activité. C'est donc le journal de 1,3 kg de matière grise que vous allez écrire. Attention, il