Philippe Djian, avec «Oh…», écrit pour la première fois le monologue intérieur d'une femme. Elle s'appelle Michèle, elle est productrice de films et vit dans une maison en dehors d'une grande ville (par moments, il s'agit de Paris, à d'autres c'est plus incertain). Donnons-lui 46 ans : son monstre de père est en prison depuis trente ans, et elle en avait 16 quand il a tué les soixante-dix enfants d'un club Mickey, empoisonnant pour toujours l'existence de sa femme et de sa fille, ainsi que celle des familles des victimes, bien sûr. La mère de Michèle, Irène, a 75 ans, et son fils, Vincent, 25. L'un et l'autre ont des projets matrimoniaux préoccupants, et dépendent financièrement de Michèle, une femme fantasque, un peu barge, mais intelligente et généreuse. On sent que Philippe Djian n'aurait pas pu ventriloquer une voix féminine dénuée d'humour et de magnanimité.
Télévision. Pas d'égards en revanche envers les personnages masculins. Michèle a une liaison secrète peu palpitante avec ce ballot de Robert, époux d'Anna, son associée et meilleure amie. Richard, son ex-mari, est un garçon solide, mais sa prétention n'a d'égale que la médiocrité de ses scénarios. Il s'imagine original, et ne parvient à travailler que pour la télévision qu'il méprise. Dans la boîte de son ex-femme, on ne parle que de cinéma et de séries américaines, pas de téléfilms. Djian s'amuse à mettre dans la tête de Michèle des considérations sur la profession, comme quoi les Français