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Critique

La clé sur la porte

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Le cahier Livres de Libédossier
Des arcs romains aux orifices du corps en passant par les saloons… les déambulations de l’ethnologue Pascal Dibie
publié le 29 août 2012 à 19h06

On ne se le demande pas assez, mais Adam et Eve, quand ils ont été chassés du Paradis, sont sortis par quelle porte ? Que ce fût un jardin ou une ville «avec sa grande et haute muraille» (Apocalypse, XXI, 12), il devait bien avoir une grille, un portail, un porche, un portique, voire «douze portes gardées par six anges et marquées des noms des tribus d'Israël» - sinon on ne comprendrait pas pourquoi saint Pierre, du royaume des cieux, avait les clés. La porte du Paradis, par où passèrent les premiers pécheurs et passeront, en sens inverse, les bienheureux, n'est pas facile à localiser. La cherchant dans un eldorado terrestre, on la situa sur le mont Amara, en Ethiopie, ou, comme Christophe Colomb, dans le golfe de Paria, au Venezuela. On connaît mieux les sept portes de l'Enfer, car, dans la Divine Comédie, Dante, accompagné de Virgile, les décrit toutes en détail. «Vous qui entrez, laissez toute espérance», lit-on sur la première. Mais, sur terre, l'une des plus fastueuses est la porte d'Ishtar, émaillée de pierres bleues, que Nabuchodonosor fit construire à Babylone en honneur de Marduk, le grand dieu mésopotamien (reconstituée au musée de Pergame, à Berlin). A Athènes, seule subsiste, symboliquement, la porte d'Hadrien, érigée en 131-132. L'arc en marbre portait, en haut, deux inscriptions. L'une, du côté de l'Acropole et de la vieille ville, dit : «Ici est Athènes, l'ancienne ville de Thésée.» L'autre : «Ici est la ville d