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Libération
Interview

La traversée de l’enfance

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Le cahier Livres de Libédossier
Michael Ondaatje parle de son nouveau roman
publié le 29 août 2012 à 19h06

Mynah nous dit peu de chose de son enfance à Ceylan. Tout ce qu'on sait, c'est qu'un jour, âgé de 11 ans, il est mis sur un bateau nommé Oronsay pour aller rejoindre sa mère en Angleterre. A bord, il y a deux garçons de son âge, l'infernal Cassius et le doux Ramadhin, il passera ses jours et ses nuits avec eux.

Et puis les adultes. Miss Lasqueti, qui lit des romans policiers et les balance à la mer quand elle les trouve mauvais. Mr Mazappa, le pianiste du bar, moitié sicilien moitié autre chose, qui a une relation non élucidée, sans doute amoureuse, avec Miss Lasqueti. Mr Nevil, démanteleur de bateaux à la retraite et pédagogue généreux. Tous ont une bizarrerie attachante, on a envie de dire «romanesque». Il y a aussi un inquiétant prisonnier que ses gardiens promènent la nuit, pieds et mains enchaînés, un botaniste et d'autres encore, dont une patineuse australienne, belle et inaccessible comme un fantasme, qui s'exerce à l'aube puis se douche, les garçons suivant «les traces de ses pas qui s'évaporaient déjà dans la lumière naissante». Les trois garçons semblent apprendre quelque chose de l'amour et du sexe de chacun des adultes qu'ils rencontrent, comme ce moment où Mynah découvre le désir : «C'était comme si une main surgie du désert environnant m'avait effleuré […]. Etait-ce un plaisir, une tristesse, cette vie au-dedans de moi ? J'avais l'impression qu'avec elle il me manquait quelque chose d'essentiel, comme de l'eau.»

Pendant que le bateau vo