Pour éclairer le grand basculement du monde à l’œuvre depuis la fin du siècle dernier, les uns privilégient la démographie et la mutation des structures familiales ou l’évolution de la démocratie et des régimes politiques. Les autres démêlent l’écheveau des échanges commerciaux dopés par la mondialisation. François Bourguignon a choisi de suivre le fil des inégalités, des écarts de richesse, de niveaux de vie, de patrimoine… Les disparités du capital humain aussi. Il alterne les focales, observant les mouvements sur la durée, le choc des réalités comparées du moment, les situations nationales ou les écarts régionaux.
Avec ce petit essai dense de la collection de Pierre Rosanvallon - la République des idées -, l'ex-économiste en chef de la Banque mondiale veut répondre à une question lancinante du débat public en France et ailleurs : «La mondialisation est-elle le fossoyeur de l'égalité, le poison qui condamne tout espoir de justice sociale ?» Si tant de contre-vérités ou d'approximations ont été proférées sur le sujet, c'est qu'un double mouvement façonne des réalités contradictoires.
A l'échelle de la planète d'abord, l'auteur décrit l'explosion des inégalités au long du XIXe siècle et de la plus grande partie du XXe. La révolution industrielle marque le décollage des grandes économies d'Europe occidentale. Jusque-là, les inégalités existaient surtout au sein des espaces nationaux ; depuis, des disparités entre pays apparaissent et s'accentuent