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Libération
Critique

Comme un seul «Home»

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Toni Morrison est l’invitée d’honneur du festival America à Vincennes
publié le 19 septembre 2012 à 19h12

En français, le dernier mot du livre est «maison». En anglais, c'est «home», comme son titre en forme de point final. Toni Morrison aime les choses directes. Elle ne voit, par exemple, aucune raison de se priver de l'efficacité d'un symbole ou de la puissance d'une allégorie. Le personnage principal de ce nouveau roman est d'abord pauvre ; il s'appelle Franck Money. Vétéran de la guerre de Corée, où il a perdu ses deux amis d'enfance au combat, il est ensuite noir ; l'un des nombreux troubles post-traumatiques dont il souffre se traduisant par la perte momentanée de la vision des couleurs.

Bref volume qu'on serait de prime abord tenté de qualifier de novella si sa solide densité n'en faisait absolument un roman, un grand petit roman. Home se donne pourtant à lire d'un trait comme un texte simple et complexe, comme le sont les fables, écrites pour être lues et relues.

Rond. Slade, le prénom qui figure seul sur la première page, en offre probablement la clé. Slade Morrison, artiste, est mort quelques mois avant que sa mère se lance à 80 ans passés dans l'écriture de ce nouveau livre. Ensemble, et avec Pascal Lemaître, ils avaient cosigné trois adaptations magiques de fables classiques d'Esope en bande dessinées pour enfants (publiées en France par Casterman).

Frank Money n'a donc, comme son nom ne l'indique pas, pas le moindre rond. Démobilisé d'une armée de Noirs et de Blancs, il traîne depuis près d'un an sur la côte Ouest, du côté de