Romans
Teju Cole Open City
L'ombre de W.G. Sebald plane sur le deuxième roman de l'Américano-Nigérian Teju Cole. Son narrateur, étudiant en psychiatrie moitié nigérian, moitié allemand, promène sa solitude dans les rues de New York, s'arrêtant sur ces détails qui échappent au commun des passants - le claquement à répétition d'un skateboard, les fleurs de magnolias tombées à l'arrivée du printemps, la plaque, coincée entre de gigantesques immeubles, qui commémore un cimetière où «avaient été ensevelis les corps de quelque quinze à vingt mille Noirs, esclaves pour la plupart» et dont personne, aujourd'hui, ne se souvient qu'il a existé. L'écriture, fluide, avance de sa propre force, excavant le passé de la ville, révélant sa violence sous-jacente et ses deuils non faits. On croise un vieux professeur de littérature anglaise qui attend la mort dans son appartement, un sans-papiers du Liberia enfermé dans un centre de détention du Queens, et le fantôme d'Amin Dada qui s'agite sur un écran de cinéma. Mais gare au bercement de la langue ! Au bout de quelques centaines de pages, le narrateur, érudit et réfléchi mais moins fiable qu'il n'y paraît, déchirera sans vergogne le contrat tacite passé avec lui. E.F.-D.
Julie Otsuka Certaines n'avaient jamais vu la mer
«Sur le bateau nous étions presque toutes vierges» : en choisissant le «nous» pour raconter le périple de pauvres filles japonaises parties