Le New Yorker a publié voilà peu, sur son blog littéraire, une lettre ouverte commençant par ces mots : «Cher Wikipédia, je suis Philip Roth». L'auteur de Portnoy entendait ainsi s'adresser, par l'intermédiaire du célèbre magazine, à l'impalpable nébuleuse de l'encyclopédie en ligne. Il lui expliquait que, contrairement à ce que prétendait la fiche Wikipédia de son roman la Tache, le personnage principal n'était pas inspiré de telle personne (Anatole Broyard), mais de telle autre (Melvin Tumin). Roth rapportait ensuite qu'ayant signalé cette erreur, il avait eu la surprise de se voir adresser par un administrateur de Wikipédia une fin de non-recevoir formulée en ces termes : «Je comprends votre opinion selon lequel l'auteur est la plus grande autorité sur son propre travail, mais nous avons besoin de sources secondaires.» Moyennant quoi, la fiche ne fut pas rectifiée (les choses n'ont changé qu'après la publication de la lettre ouverte : voir le dernier cahier Livres).
L’argument de l’administrateur était tout à fait pertinent. Que les écrivains écrivent est naturel. C’est même inévitable, sinon pleuvrait-il 664 nouveaux romans en cette rentrée française ? Mais qu’ils se posent en meilleurs interprètes de leur œuvre est absolument irrecevable. Car, en ce cas, quelle place resterait-il pour le lecteur ? Et puis, dans le fond, pou