Menu
Libération
portrait

Félicité Herzog, chute de père

Article réservé aux abonnés
A 44 ans, la fille de l’alpiniste icone Maurice Herzog déboulonne la statue paternelle. En mémoire de son frère schizophrène.
publié le 20 septembre 2012 à 19h06

Les Brissac, Herzog, Schneider… tout le monde écrit dans cette grande famille. C'est au tour de Félicité, perchée sur la plus haute branche de l'arbre enraciné dans la noblesse, l'argent et la gloire. La fille de Maurice Herzog, héritière des aciéries du Creusot et de la duchesse d'Uzès, casse les usages dynastiques et le style des mémoires, romans, biographies alignés comme des trophées par sa lignée. Elle traque le mensonge dans les recoins cachés de sa généalogie pour exhumer son frère d'un cimetière de campagne. «Les grandes mythologies familiales mêlées à des mythologies nationales finissent par détruire les êtres les plus vulnérables», dit-elle. Laurent, son frère aîné schizophrène, est mort il y a treize ans, en tombant de l'escalier du château familial. Personne n'a jamais plus prononcé son prénom depuis.

Dans ce premier roman qui n'en est pas un, Félicité Herzog tire toutes les ficelles de sa vie, serrées en pelote autour d'une double trahison. Celle de sa famille aux valeurs si enracinées, qui avait pactisé sous l'Occupation. Et la trahison du père, héros au sourire si faux. Maurice Herzog, le vainqueur de l'Annapurna, l'homme qui donna ses mains et ses pieds à la jeunesse de France, planta le premier drapeau tricolore sur le toit du monde. Le ministre du général De Gaulle, qui atteindra le sommet des honneurs le 25 septembre prochain, jour où il sera décoré grand-croix. L'auteur d'Annapurna premier 8 000, best-seller universel. Le séducteur à la m