Menu
Libération
Critique

la révolution à l’œuvre

Article réservé aux abonnés
Relecture de la révolte de 1848 à travers l’engagement d’une vingtaine d’écrivains.
publié le 21 septembre 2012 à 19h07

Qu'a réellement pensé François-René de Chateaubriand, ce 24 février 1848, lorsqu'un ami lui a appris la proclamation de la République. A 80 ans, quasiment sourd, impotent et apathique, l'immense poète ultraroyaliste aurait juste lâché un «Bien fait !» rageur. Le symbole du vieux monde n'est depuis longtemps plus que l'ombre de lui-même. Son temps est passé, et il mourra quelques mois plus tard.

A l’autre extrémité d’une vie qui sera également bien remplie, Jules Verne voit lui aussi passer la révolution d’un air distrait. Il faut dire qu’à 20 ans, le jeune provincial connaît le premier drame de sa vie : un amour impossible avec une jeune fille - noble - que sa famille se dépêchera de marier. Alors Paris, les barricades, le drapeau tricolore…

Si les auteurs des Mémoires d'outre-tombe et de 20 000 Lieues sous les mers ratèrent cette page glorieuse (barricades, fuite de Louis-Philippe, mesures sociales, suffrage universel, abolition de l'esclavage…), d'autres en revanche furent au rendez-vous. Et c'est auréolés de leur gloire littéraire ou de leur talent de tribuns que Flaubert, Hugo, Lamartine, Balzac, Mérimée, Vallès se lancèrent à corps perdu dans le combat politique.

C'est le sujet de la Plume et les Barricades, passionnant recueil du journaliste Jean-Pierre Bédeï, qui décrit le rôle d'une vingtaine d'écrivains durant ces journées révolutionnaires et les mois qui suivirent. Enthousiastes, généreux, brouillons, égocentriques ou cyniques, les