Francis Scott Fitzgerald, quel type est cet individu ? L'auteur de Gatsby le magnifique évoque lui-même cette question qui tient à son art d'écrire en tête de la nouvelle «le Garçon riche» qui ouvre le recueil Tous les jeunes gens tristes : «Commencez avec un individu, et avant d'avoir compris ce qui se passe, vous découvrez que vous avez créé un type ; commencez avec un type, et vous découvrez que vous avez créé… rien du tout !» Or il semble que cette typologie s'applique à l'œuvre même de Fitzgerald, à sa position d'écrivain. Philippe Jaworski, qui a dirigé l'édition Pléiade en deux volumes des Romans, nouvelles et récits, débute ainsi sa préface : «Plus de soixante-dix ans après la mort de F. Scott Fitzgerald (1896-1940), le statut de son œuvre reste mal défini et son importance littéraire continue de susciter des appréciations diverses.» Il est indéniable que l'on parle plus volontiers du génie de Faulkner et du charme de Fitzgerald que du génie de Fitzgerald et du charme de Faulkner. Une mythologie est attachée à l'écrivain des riches, où interviennent à la fois le succès et l'argent, l'alcool et «la fêlure» qui lui compliquera l'écriture, la vie avec (et sans) Zelda ouvrant sur l'amour et la folie. Et c'est comme si cette vision de l'écrivain comme personnage influait sur la perception de son œuvre - où l'édition Pléiade, de fait, multiplie en note les références biographiques. Au demeurant, le fameux charme, le hér
Le génie mouvant de Fitzgerald
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par Mathieu Lindon
publié le 26 septembre 2012 à 19h07
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