La fin du IIIe Reich présente un curieux paradoxe : alors que l'issue de la guerre se dessinait clairement, les dirigeants nazis et leurs troupes, loin de chercher à déposer les armes, se battirent avec l'énergie du désespoir entre l'attentat contre Hitler, le 20 juillet 1944, et la capitulation, signée le 8 mai de l'année suivante. Ainsi 2,6 millions de soldats moururent-ils dans les dix derniers mois du conflit et une bataille de rues s'engagea pour prendre Berlin. Ce défi apparent à la logique se situe au cœur de la réflexion conduite dans le dernier opus de Ian Kershaw, historien britannique que l'on ne présente plus : sa biographie magistrale de Hitler lui a offert une notoriété internationale amplement méritée.
Pour comprendre l’apocalypse finale, faut-il alors convoquer les voies de la raison ? Kershaw suit implicitement ce chemin et invoque des arguments convaincants. Les Allemands, dans leur masse, ne désespéraient pas de la victoire et croyaient, en 1944 tout du moins, que les armes miracles, fort imprudemment promises par le Führer, anéantiraient leurs ennemis. Dans cette optique, la contre-offensive des Ardennes, victorieuse aux premiers jours de décembre, nourrit un optimisme auquel la riposte de Patton offrit un cinglant démenti.
Ardeur. Les populations, par ailleurs, redoutaient l'armée Rouge. Les soldats de Joukov commirent, dès leur entrée en Allemagne, des vols et des viols. Exploitée par la propagande, la peur poussa des centaines