Il y a deux genres de portraiturés : ceux qui pensent sincèrement qu'ils n'ont rien à faire dans ces pages et tous les autres, qui font leur chattemite. Au départ, on s'est dit qu'Oliver Gallmeister minaudait. Puis à force d'écouter sa résistance, il fallait se rendre à l'évidence : le fondateur des éditions Gallmeister ne veut parler que de ses livres et de ses auteurs. «On ne parle jamais du flacon qui couve un excellent cru», assure ce quadra au regard pétillant. Certes, mais la bouteille a toujours son importance.
Depuis 2005, le monde de l'édition français compte donc une maison de plus. Une maison sans prétention qui a fait son trou en publiant un genre particulier : le nature writing, spécialité américaine qui propulse le lecteur dans les grands espaces. D'où la patte d'ours qui orne chacun des titres, comme un coup de griffe à l'étriqué du quotidien.
Dans la bruissante rue du Cherche-Midi, attablé à une brasserie, Gallmeister raconte qu'il a bien failli manquer sa vocation. Après des études d'économie à Paris-Dauphine, puis à Sciences-Po, il finit consultant chez Arthur Andersen. «Pourtant, je voulais être journaliste, travailler dans la culture.» Mais ses CV ne séduisent ni le monde de la presse ni celui de l'édition. Il s'asphyxie lentement dans le contrôle de gestion, puis joue au méchant cost-killer chez Hachette Distribution. Magistral loupé. «J'étais malheureux comme les pierres», confie celui qui séchait les réunions