Mo Yan est le premier Chinois à recevoir le prix Nobel de littérature. En vérité, ce n'est pas tout à fait exact, car Gao Xingjian, l'auteur de la Montagne de l'âme, l'a eu en 2000, mais Gao, tout écrivain chinois qu'il fût, vivait en exil et avait la nationalité française depuis 1997. La Chine, à l'époque, avait mal pris le choix des Nobel. Place donc à Mo Yan, 57 ans, pour incarner l'intronisation de l'Empire du milieu à Stockholm. C'est un ambassadeur de rêve, tant son œuvre est indiscutable, reconnue dans son pays comme à l'étranger.
L'Académie suédoise a évoqué le «réalisme hallucinatoire» avec lequel Mo Yan, «en associant imagination et réalité, perspective historique et sociale, a créé un univers qui, par sa complexité, rappelle celui d'écrivains tels William Faulkner et Gabriel García Márquez, tout en s'ancrant dans la littérature ancienne chinoise et la tradition populaire du conte». En quatre-vingts romans et nouvelles depuis le début des années 80, dont dix-sept titres traduits en français, Mo Yan a fait preuve d'un génie protéiforme. La formule «réalisme magique» (comparaison avec García Márquez) vient à l'esprit, comme chaque fois qu'un romancier transforme la boue en or, la misère en épopée. En l'occurrence, cette épopée est rurale. Mo Yan ancre la plupart de ses récits dans la campagne rude et pauvre de ses origines, le district de Gaomi, ainsi métamorphosé en territoire littéraire.
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