Quand Alain Robbe-Grillet est mort, à l’hôpital de Caen, dans la nuit du 18 février 2008 - la nuit où Joyce Carol Oates a perdu elle aussi son mari -, Catherine Robbe-Grillet ne s’est pas précipitée au chevet du défunt. Rendez-vous avait été pris avec un entrepreneur qui devait s’occuper de l’arbre tombé dans le bassin (un noyer). Catherine Robbe-Grillet n’a pas annulé, elle a honoré le rendez-vous. «En réalité, j’ai agi comme il l’aurait fait dans le cas inverse : continuer à veiller sur cette maison, ce parc qu’il avait tant aimé, que j’aime tant. C’était ça l’important, c’est ça l’important.» Les Robbe-Grillet ont acheté en 1963 le château du Mesnil, en Normandie («grâce soit rendue à Jérôme Lindon»), où le romancier a pu exercer son goût du jardinage et collectionner les cactées. Domaine, archives et collection ont été acquis par le conseil régional de Basse-Normandie dans les années 90, à l’initiative de Christian Bourgois («grâce soit rendue à lui aussi»).
Il y a beaucoup de grandeur dans le récit que Catherine Robbe-Grillet esquisse de son veuvage, à plusieurs endroits de son livre, Alain. Sidération (elle a été informée après l'Agence France-Presse) et chagrin se font discrets pour laisser la place à la certitude d'un accomplissement. «Son heure était venue», lorsqu'Alain Robbe-Grillet est mort. «Il avait, en 2007, clos le chapitre littérature avec Roman sentimental, clos le chapitre cinéma avec C'est Gradiva qui vous a