A la fin d'Une femme fuyant l'annonce, son roman traduit l'an dernier sur une femme entreprenant une randonnée en Israël après avoir appris la mort au combat de son fils, David Grossman, né en 1954, a ajouté une note signalant que son fils Uri est mort lors des derniers jours de la deuxième guerre du Liban, le 12 août 2006, qu'il a conclue ainsi : «Après la semaine de deuil, je me suis remis à écrire. Le roman était presque achevé. Ce qui a changé surtout, c'est l'écho de la réalité dans lequel la version finale a vu le jour.» Tombé hors du temps, rédigé de 2009 à 2011, est un effet de cette remise au travail. Le livre n'est pas un roman, le genre indiqué est «récit pour voix», il tient de la pièce radiophonique et du long poème (le traducteur en est d'ailleurs le poète et romancier Emmanuel Moses). Le texte explore une triste communauté, celle des êtres dont un enfant est mort. «Le chroniqueur de la ville» fait le liant dans la narration tandis que s'expriment «l'homme», «la femme», «le cordonnier», «la sage-femme». Il y a aussi «le centaure», écrivain soupçonnant le chroniqueur de travailler en fait, via «le duc», pour le pouvoir, et à qui il dit ceci quand il lui est demandé de décrire son état «de manière précise» : «Tu dois vraiment savoir ce qui se passe au fond de moi ? Le duc en a-t-il quelque chose à battre de ce qui bruisse au fond de ma tête, et cela de mani
David Grossman à voix raccourcies
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Le cahier Livres de Libédossier
par Mathieu Lindon
publié le 17 octobre 2012 à 19h07