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Critique

Freud, analyse en famille

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Le cahier Livres de Libédossier
Le père à ses enfants, deux recueils inédits de lettres.
publié le 17 octobre 2012 à 19h06

Peut-être était-ce l’usage, de proscrire effusions et jaculations sentimentales. Mais, enfin, Sigmund Freud termine presque toujours ses lettres par «cordialement», «très cordiales salutations». Ecrit-il à quelque connaissance, à des confrères ? Non : à ses enfants. On en conclurait vite qu’il était un père distant, occupé davantage à bâtir son œuvre qu’à jouer par terre. Mais ce n’est pas ce qui résulte des échanges épistolaires avec ses filles et ses fils, tels qu’ils se révèlent, de façon inédite, dans les Lettres à ses enfants et dans la Correspondance avec sa «chère fille unique», Anna.

En huit ans, du 16 octobre 1887 au 3 décembre 1895, Martha Bernays et Sigmund Freud ont six enfants. L'aînée est prénommée Mathilde, comme la femme de Joseph Breuer, avec lequel Freud écrira les Etudes sur l'hystérie. Jean-Martin (Martin), dont le prénom est un hommage au docteur Charcot, qui avait tant impressionné Freud à la Salpêtrière, aura une vie chaotique : intelligent, farceur, séducteur, il fera des études de droit, s'orientera vers les affaires, commercialisera des articles de toilette, avant d'ouvrir un débit de tabac. Viennent ensuite Oliver (comme Cromwell), qui sera ingénieur, et Ernst (comme le physiologiste Brücke, «patron» de Freud à l'université de Vienne), architecte, père du peintre Lucian Freud. Sophie naît le 12 avril 1893 : mariée au photographe Max Halberstadt, elle donne à Freud son premier petit-enfant, Ern