Encore un essai sur la crise ? Plutôt un livre sur le temps, sur l'expérience que nous en faisons. Dans la Crise sans fin, la philosophe Myriam Revault d'Allonnes, fine analyste de nos sociétés contemporaines, part du constat que la crise a envahi tous les champs de l'existence : le rapport à l'argent, aux institutions, la culture, l'éducation, la famille…
Que désigne cette notion englobante employée à tout-va ? De quoi parle-t-on ? En explorant la notion de crise à travers les époques, le livre montre que l'homme a évolué dans son rapport au temps et à l'histoire. Au regard du passé, l'appréhension contemporaine de la crise révèle un symptôme : le sentiment d'impuissance dans un monde incertain. La Crise sans fin pose davantage de questions qu'il ne suggère de solutions. Un questionnement salvateur, telle une fenêtre d'optimisme qui fait à nouveau envisager l'avenir et le penser autrement.
«Décisif». Si la crise est vécue comme un état permanent, le mot désigne à l'origine un état d'exception. Pour les Grecs, krisis signifie à la fois la décision et le jugement. Déjà, l'acception la plus courante relevait du domaine de la maladie et de la médecine, ce moment critique entre la vie et la mort. Thucydide, observant la guerre du Péloponnèse, discernait une «crise». Il émettait alors un jugement, une appréciation subjective sur un événement considéré comme «une rupture qui fait "époque"». Crise et critique, qui ont la même étymo