Il y a trois lectures possibles de ce livre, trois récits qui s'entrelacent de manière décalée dans le temps et l'espace, trois épopées où le héros, mais aussi le héraut («personne qui annonce un événement remarquable», dans le dictionnaire), est bien sûr l'auteur de cet Ethno-roman. Chacun préférera - ou délaissera - tel ou tel récit. Certains lecteurs seront agacés par le narcissisme hyperbolique de l'auteur, d'autres n'apprécieront pas de se reconnaître (car ce n'est pas un roman à clé, tout le monde, ou presque, est nommé), d'autres encore se retourneront dans leur tombe - tel Georges Devereux quand bien même il a été incinéré chez les Indiens mohaves -, d'autres enfin, des analystes et des anthropologues notamment, n'apprécieront pas la mainmise de Tobie Nathan sur l'ethno-psychiatrie dont il s'autoproclame le légataire universel.
Car il existe et a existé, tant en France qu'à l'étranger, d'autres représentants de l'ethno-psychanalyse et de la psychiatrie transculturelle, d'autres héritiers de Géza Róheim, le fondateur de la discipline (parmi les plus connus en France : Marie Rose Moro) ; il existe d'autres disciples de Georges Devereux dont les professeures Ariane Deluz, Simone Valantin et bien d'autres, dont Tobie Nathan ne dit mot. Une seule citation donne le ton ; lors d'un entretien avec Devereux, ce dernier lui aurait dit, tel Moïse sur la montagne : «Tobie, écoute-moi bien ! Je peux t'annoncer, Tobie, que tu seras mon successeur… C'est toi qui poursui