L'avantage de la géographie, c'est qu'en s'accrochant à l'analyse fine du terrain, elle permet des effets de loupe, dessine des plis et des replis, donne à voir des perspectives inédites ou masquées. C'est ainsi une nouvelle carte de France qu'a découverte le chercheur Laurent Davezies, spécialiste des questions d'économie régionale et urbaine, en examinant nos territoires sous toutes les coutures. La carte de France de la décennie qui vient et qui va tout bouleverser. Dans la collection de la République des idées de Pierre Rosanvallon, au Seuil, Davezies annonce un «choc», une «rupture historique», un «gouffre».
Sous le coup de la plus violente des crises qu'elle ait connues depuis un demi-siècle, la France commence à se défaire. Comme si la vieille obsession pour l'égalité territoriale nous avait éloignés du réel et conduit à ne pas prendre la mesure des forces centrifuges à l'œuvre. Depuis les années 60, un puissant mouvement de convergence l'avait emporté. Contrairement à une idée reçue, les inégalités de revenus entre les régions, les départements et les agglomérations n'avaient cessé de se réduire, sauf au sein des grandes villes par «des effets de ségrégation résidentielle», précise le chercheur.
A chaque secousse de la conjoncture - 1974, 1982, 1992 -, de «puissants mécanismes de mutualisation» et de transferts sociaux avaient permis de préserver l'essentiel dans l'équilibre des territoires. En 2008-2009, ces «amortisseu