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Libération
portrait

Soledad Bravi. Planche de chahut

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Elle» comme dans ses livres pour la jeunesse, cette illustratrice diffuse une légèreté parfois grinçante mais toujours bienveillante.
publié le 30 octobre 2012 à 19h06

La consécration est venue par Elle, il y a six mois. Une page entière, chaque semaine, en finale du journal. Soledad Bravi opérait jusque-là en service commandé, notamment en écho à Fonelle ou au Dr Aga. Désormais, c'est carte blanche. Résultat : à partir d'une question d'évaporée typique des mags pour filles («Peut-on être Gisele Bündchen ?», «Votre ado est-il comme le mien ?», «C'est quoi une fille "bonne" ?»), un billet d'humeur sous forme de comic strip, signé en copine («Soledad» tout court), sympa et souvent bien vu. Girlymais raisonnablement, pas à s'autoflageller pour cause de régression-symptomatique-de-ma-peur-de-vieillir. Le trait est plus vif que joli, l'ensemble dégage une légèreté un poil caustique mais bienveillante. Un dosage assez subtil qui caractérise aussi ses livres pour enfants. Même quand les siens ont grandi, le lecteur peut kiffer : les couleurs qui claquent, l'évidence du trait, et l'humour, toujours. Voir ses abécédaires, Fruits légumes, Pompons et chiffons, Animaux. Le texte est réduit au minimum syndical - «bourdon», «jars», «roitelet», «zancle» -, on se laisse pourtant happer, on se repaît par exemple de l'indri (un lémurien) à l'air tout surpris ou du sifilet (oiseau) profilé comme un aéronef. Instructif et rigolo à la fois, ni infantilisant ni adultisant. Et Bravi ne manque pas de bravitude, s'empare à l'occasion de la grande, énorme, histoire : l'Iliade et l'Odyssée