Pour accompagner la sortie du Sermon sur la chute de Rome, Jérôme Ferrari fait des allers et retours entre Paris et Abou Dhabi, où il enseigne la philosophie au lycée français. Il était à Paris la semaine dernière.
Pourquoi faites-vous revenir des personnages, et le bar, d’un roman à l’autre ?
Quand j'ai écrit Où j'ai laissé mon âme, j'avais déjà l'idée du Sermon sur la chute de Rome. J'ai mis dans ce roman des jalons, des personnages dont je savais qu'ils allaient me servir plus tard. J'avais besoin d'un bar, j'ai adopté un principe d'économie. J'en avais déjà un dans Balco Atlantico, cela me paraissait moins artificiel d'utiliser celui-là que d'en refaire un autre. Je suppose que, derrière tout cela, il y a le fait que j'aime bien l'idée de créer un ensemble cohérent. Plus que ça : j'aime bien les changements de perspective, où le point de vue mineur devient majeur, et vice versa.
Que représente le bar ?
Le cadre de ma fiction littéraire, c’est la Corse, où le bar est le lieu de circulation, le lieu de rencontres de gens qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. C’est une mine, et aussi il n’y a pas tellement d’autre endroit où situer une fiction, ma connaissance de la ruralité étant à peu près égale à zéro. Dans mon village, comme dans les autres, le bar était l’astre autour duquel tout gravite.
Envisagez-vous d’écrire un jour un roman qui n’ait aucun lien avec la Corse ?
Non, je ne l'envisage pas encore. Je suis plus à l'aise pour imaginer des choses dont je sais qu'elles vont tenir un peu debout. Ce n'est pas du militantisme, encore que ça le soit peut-être un peu. Quand j'ai commencé à écrire, je me souviens,