Le postmodernisme est comme les groupuscules extrémistes ou les bandes mafieuses : il ne suffit pas de le vouloir pour en sortir. «Jamais je ne m'étais autant laissé porter par le roman. Il m'est arrivé de me surprendre moi-même !» est une phrase d'Enrique Vila-Matas reproduite sur la quatrième page de couverture d'Air de Dylan, le nouveau roman traduit de l'écrivain barcelonais né en 1948. Et comme le personnage principal du livre, le jeune cinéaste dont le physique évoque celui de la star musicale américaine, est le fils d'un écrivain postmoderne et s'est engagé dans la quête de l'«authentique», on a du mal à ne pas percevoir le commentaire de l'auteur comme faisant partie du récit lui-même. Attaquer le postmodernisme au nom de la vérité ou de la sincérité n'est pas une idée si neuve qu'on imagine qu'elle soit un beau jour tombée comme d'un continent inconnu sur Enrique Vila-Matas. Propos d'un personnage (il y en a pas mal, de par l'organisation du texte, qui tiennent un rôle de narrateur et commentent leurs propres déclarations) : «Croyez-moi, j'en suis désolé, mais les femmes sont comme l'ayahuasca, lui ai-je dit. Je ne savais même pas ce que signifiait cette phrase et quoi lui dire, ni si je faisais bien de lui parler.» On voit que le champ des interprétations est exagérément ouvert, et la définition de l'ayahuasca demeurera vague. De nombreux pères interviennent dans Air de Dylan, l'un d'eux dit à son fils,
Critique
La quête du pair d’Enrique Vila-Matas
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par Mathieu Lindon
publié le 31 octobre 2012 à 19h06
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