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Libération
Critique

Paul Gégauff en plein soleil

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Le cahier Livres de Libédossier
Arnaud Le Guern ressuscite dans un récit le scénariste de Chabrol et Rohmer, poignardé en 1983, à 61 ans
publié le 31 octobre 2012 à 19h06

Arnaud Le Guern, 36 ans, a composé ce livre nyctalope, entre balade biographique, autour d'un homme disparu en 1983, délicieusement méconnu, Paul Gégauff, et digressions personnelles. Lui-même, Le Guern, buveur exigeant de livres et de films «oldscoule», écrivain presque jeune, demi-dandy paumé en 2012, soupèse sa vie en regard de celle de Gégauff. Pas évident, quand Paul Gégauff a été le scénariste de Chabrol, de Rohmer, de Schroeder, l'ennemi goguenard de Truffaut (à qui il aurait directement inspiré le personnage principal d'A bout de souffle, écrit par Truffaut avant d'être tourné par Godard, autre bon copain de Gégauff). Que la bête meure et Plein soleil, c'est encore Gégauff ; cet homme pour qui Sagan ou Vadim avaient beaucoup d'estime, des amitiés particulières. Et que même un Johnny Hallyday appelait son «maître à penser». Gégauff qui jouait du piano pour Mick Jagger ou Marlon Brando. La liste est longue comme les jambes de Caroline Grimaldi, l'autre princesse de Monaco, que Gégauff refusera de draguer un soir, parmi d'autres.

Gégauff a ainsi frayé avec deux ou trois cliques fameuses, qu'il semblait dominer pourtant, et écrit des livres, des films ; il les écrivait très vite, pour pouvoir se consacrer à la vie, aux mille instants. Sans cesse «défaire l'immonde sur un coin de table». Pratiquant «un dandysme de fin du monde», il était surtout de ces rares nostalgiques du présent, «le bel aujourd'hui qui