Puisque tout le monde lira chez l'Olivier Féerie générale (qui vient d'avoir le prix Médicis du roman), on va parler de Foire internationale, de la même Emmanuelle Pireyre, paru concomitamment aux éditions les Petits Matins.
C'est une suite de microfictions se déroulant dans un bourg ayant outrepassé ses limites au moyen d'une ZAC. De la même façon que, du point de vue urbanistique, le glacis commercial s'est étendu sur la banalité indéterminée, de même, dans le cerveau de chacun des personnages de Foire internationale, le vide intersidéral du libéralisme marchand donne forme aux activités quotidiennes. Exemple : «"Le gros problème, comme dit Mo, l'actrice de X, c'est que j'ai commencé à froid", se dit Janine, en remontant la Coulée verte avec des sacs de cailloux trop lourds.» Janine se rend chez Romain dont elle a vu sur Internet une pub pour des emballages cadeaux. Janine veut faire emballer ses cailloux pour Noël.
On n'accusera pas Emmanuelle Pireyre, 43 ans, de polluer les étals des libraires. Sa dernière publication, Comment faire disparaître la terre ? (Seuil) datait de 2006. On avait parlé à l'époque de «monde moderne mis en morceaux pratiques, recettes et divagations référencées par une "femme de 30 ans" antibalzacienne». De fait, remettre le Médicis à Féerie générale frise le terrorisme anti-France.
Le livre, venu de la poésie contemporaine, mêle prose, schémas explicatifs, photos, typographies décalées, p