Avec Jérôme Ferrari, les éditions Actes Sud tiennent leur deuxième Goncourt, après celui qu'a reçu Laurent Gaudé en 2004 : le Sermon sur la chute de Rome (1) a remporté le prix hier au second tour, avec cinq voix. Nul doute que chacun, dans la maison, aura eu une pensée pour le fondateur, Hubert Nyssen, disparu il y a tout juste un an.
Jérôme Ferrari, né en 1968, a rejoint les éditions sises à Arles en 2007, pour son premier roman, le Secret, après deux recueils de nouvelles, parus en Corse. Cinq ans et quatre titres plus tard, on voit comment circule et se développe un tempérament. Les situations s'affinent, les enchaînements sont plus audacieux et solides, les phrases s'allongent, les références visent le sommet : l'esprit et le verbe de saint Augustin planent ainsi sur ce prix Goncourt, œuvre d'un romancier sympathique, ouvert, sérieux et parfaitement naturel. Agrégé de philosophie, qui enseigne depuis la rentrée à Abou Dhabi après avoir été en poste à Alger et à Ajaccio, Jérôme Ferrari consacre tous ses moments de liberté à l'écriture, dès lors qu'il a un sujet en tête (Libération du 1er novembre). Mais il tient à son métier de professeur, qui le met en contact avec d'autres mondes que le sien.
Déraison. Son sujet, tout au moins son territoire littéraire, c'est la Corse. Même quand un de ses romans ne s'y passe pas, le lien existe : Où j'ai laissé mon âme, par exemple, qui précède le Sermon sur la chute de