Lettres
De la Rencontre avec Barrès aux Mémoires intérieurs, du Bloc-Notes à sa correspondance, Mauriac n'est jamais aussi bon que lorsqu'il est témoin de sa propre vie à travers celle des autres. Sa sensibilité d'enfant et sa sûreté d'expression lui font traverser son siècle en confondant les âges, avec une grâce et une férocité pascaliennes. La plupart des lettres réunies ici, en un se trouvaient dans Lettres d'une vie et Nouvelles Lettres d'une vie, publiées voilà trente ans chez Grasset. Elles font de lui l'un des grands épistoliers de son temps. Mais on trouve aussi de nombreux inédits, dont celui-ci, du 17 avril 1933, à son fils Claude : «C'est incroyable ce que la jeunesse dure en nous : elle n'en finit pas de mourir et nous empêche de rien voir en dehors de nous.» Et encore : «Les livres ne sont mauvais que dans la mesure où ils trouvent un complice en nous.» Ou encore, en 1937, à un jeune inconnu nommé Louis Védrine : «Il faudrait avoir plusieurs vies pour pouvoir accomplir son œuvre et lire celle des autres… Mais il faut choisir. La vie d'un écrivain est une lutte de tous les instants contre une immense conjuration de forces extérieures ennemies de son travail et à laquelle il n'échappe d'ailleurs que par la fuite.» Chaque lettre, ou presque, révèle la qualité de l'ami, de l'ennemi, du mémorialiste, du moraliste, du conteur, et finalement de l'homme. Ph.L.
Récit
«Il est 2 heures du matin, la rue est déser