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Libération
Critique

Régler les lumières

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Le cahier Livres de Libédossier
Georges Didi-Huberman montre comment les images des peuples, effacés de l’histoire, peuvent, malgré tout, se retrouver et retrouver leur prégnance dans l’art, le cinéma, la photographie…
publié le 7 novembre 2012 à 19h06

Elles ont disparu, les lucioles. Peut-être même ne se souvient-on plus qu’elles aient pu en des temps lointains transformer des buissons en ciels étoilés. Pollution et désastre écologique ? Mutation anthropologique plutôt, si ces petites phosphorescences étaient celles qui provenaient encore de l’ancien univers rural et paléocapitaliste, celles qu’émettaient les valeurs de la «communauté», du travail, de la solidarité ouvrière, de l’honnêteté, de la discipline, de l’effort et l’épargne - désormais «brûlées» par les spots de la société du spectacle et de la consommation, qui aplatit toute différence, tout «dialecte», tout particularisme, toute identité forgée dans le feu de l’histoire, impose un langage de stéréotypes, pose un unique linceul blanc sur toutes les réalités sociales, prive les peuples de leur conscience, les «défigure». Fascisme d’un genre nouveau. Ainsi, en 1975, parlait Pier Paolo Pasolini.

Innocence. Dans la Survivance des lucioles, publié il y a deux ans, Georges Didi-Huberman atténuait le constat «apocalyptique» établi par l'écrivain-cinéaste frioulan, quant au «génocide culturel» que le monde contemporain aurait perpétré contre les «communautés vivantes», l'authenticité de l'expérience humaine, l'innocence : il le faisait en ajoutant au propos pasolinien un simple «malgré tout», capable de retourner le désespoir non en espérance béate mais en lueur d'espoir. Citant Pascal - «Nul ne meurt si pauvre qu'