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Libération
Critique

Taillé à la Serbe

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Lionel Duroy poursuit les fantômes de la Republika Srpska
publié le 7 novembre 2012 à 19h06

C'est un voyage dans un monde engourdi, où la neige assourdit tout, les ruminations et les drames. Un monde replié sur lui-même, où le visiteur étranger est regardé avec suspicion. Au plus fort du conflit dans l'ex-Yougoslavie, Lionel Duroy avait déjà voulu se rendre dans les Balkans pour se confronter aux gens pris dans l'étau de la guerre (Il ne m'est rien arrivé, Mercure de France). Cette fois, l'écrivain a choisi de s'immerger en Republika Srpska, l'entité que les Serbes de Bosnie ont arrachée à l'issue de trois ans et demi d'une guerre sanglante.

Message. Le narrateur, Marc, est un écrivain parisien en pleine dérive sentimentale. Intrigué depuis des années par le suicide de la fille du général Ratko Mladic, le «boucher des Balkans» (qui croupit aujourd'hui dans une cellule du Tribunal pénal international à La Haye), il décide d'enquêter sur ce drame. Pourquoi cette jeune et brillante étudiante en médecine, a-t-elle choisi, en 1994, de mettre fin à ses jours dans la maison familiale en utilisant le pistolet préféré du galonné ? A-t-elle voulu adresser un ultime message à ce père qu'elle chérissait tant, et dont elle avait fini par prendre conscience qu'il était un criminel ?

Dans sa quête, Marc est aidé par un jeune poète serbe, Boris, qui incarne l’une des rares figures solaires du livre et dont le discours antinationaliste scande ce voyage en terre serbe. Tout comme les références aux enfants des dignitaires nazis qui, sauf pour l’un d’entre eux