Menu
Libération
Critique

Yin yang un œil futé et bridé

Article réservé aux abonnés
publié le 9 novembre 2012 à 19h06

Autour d'une quinzaine de chefs-d'œuvre de la Renaissance, deux érudits devisent tranquillement. L'une est française, philosophe férue de peinture classique européenne. L'autre, Chinois, est professeur de français à Wuhan, la mégapole posée sur le fleuve Bleu. «J'ai du mal à trouver un sens devant l'Annonciation de Giotto, confesse Wu Hongmiao. C'est troublant, une vierge enceinte par la seule voix de Dieu. Chez nous, Confucius répétait que le ciel ne parle pas. Ce qui est essentiel est silencieux.» La modestie amusée du professeur Wu, ses innocentes questions - «Pourquoi naître en souffrant, entaché par le péché ? Nous, nous avons une perception profondément positive du monde» - déclenchent les réponses parfois embarrassées de Christine Cayol et ses propres interrogations sur la culture judéo-chrétienne.

La conversation papillonne de toile en toile, passe par Dieu le père, le taoïsme, les artistes engagés, la représentation du pouvoir. C'est léger, futé, ressemblances et coïncidences apparaissent entre deux cultures que tout semble oppose. Seule Mona Lisa en prend plein la figure : «Elle me laisse assez indifférent, la chose la plus intelligente que je puisse faire sera de la prendre en photo pour attester auprès de mes amis que je l'ai vue en vrai. Une photo de Mona Lisa prise au Louvre est le plus beau des trophées !» affirme Wu Hongmiao. Même en la dévisageant, ce qui est «extrêmement impoli pour un Chinois», même en apprenant