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Critique

Antoine Compagnon, la martiale éducation

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L’adolescence de l’auteur au Prytanée de La Flèche
publié le 14 novembre 2012 à 19h06

Présenter Antoine Compagnon est toujours un peu long : polytechnicien et ingénieur des ponts et chaussées, né en 1950, professeur au Collège de France et à Columbia (New York), critique littéraire fameux, auteur du Démon de la théorie et des Antimodernes, il a publié naguère deux romans au Seuil, dont l'érotique Ferragosto, et une enquête personnelle bien que historique, le Cas Bernard Faÿ (Gallimard, 2009).

«Brution». Le récit qu'il publie à présent aurait pu, selon l'usage actuel, être étiqueté roman, tant la mémoire et l'imagination se font la courte échelle afin de reconstituer l'ordinaire d'un lycée militaire (une caserne pour enfants) dans les années 60. Dortoirs sinistres, sanitaires moyenâgeux, hygiène inconnue au bataillon, lectures surveillées, courrier ouvert… Et puis le basket, le jazz et le ciné-club, le bizutage et la passion d'amitié. Le «bahut» est une prison où les jeunes gens en uniforme, âmes tendres tassées dans le carcan, sont censés «s'instruire pour mieux servir», la devise de l'établissement. Ils apprennent aussi la rébellion, le pouvoir et la solidarité.

Antoine Compagnon est un «brution», c'est-à-dire un ancien élève du Prytanée de La Flèche, dans la Sarthe. Il y est entré à l'âge de 15 ans, en 1965, et en est sorti cinq ans plus tard. A part la date d'arrivée, ces précisions ne figurent pas dans la Classe de rhéto (la première est appelée à l'époque classe de rhétorique).