A la fin du XIXe siècle, l'Amérique s'enrichit considérablement, le nombre de millionnaires en dollars étant multiplié par 400 entre 1870 et 1916. Cet «âge doré» marque le début de la philanthropie, initiée par des entrepreneurs enrichis qui veulent donner, mais en restant maîtres de l'usage de leur argent. Ils ne veulent pas soulager les plus démunis, rôle des institutions de charité, mais résoudre de grandes questions de société, tâche qu'ils estiment l'Etat peu capable de remplir.
Ils investissent massivement dans la recherche scientifique. Beaucoup des universités américaines les plus prestigieuses sont leur création, comme Stanford, Johns-Hopkins ou Cornell. Ils contribuent aussi à la reconstruction du Sud, finançant des écoles pour les Noirs, engagement d’autant plus crucial que le gouvernement fédéral refuse d’investir dans leur scolarisation.
Cause médicale. Si la philanthropie acquiert une place centrale dans la vie américaine, c'est aussi parce qu'elle devient un phénomène de masse au début du XXe siècle, en plein moment de lutte contre la tuberculose, premier exemple de grande cause médicale. La Première Guerre mondiale renforce son rôle, que ce soit pour soutenir les soldats au front ou pour placer les bons du Trésor et financer l'effort de guerre. Autant d'occasions de convaincre les populations que donner à une cause nationale est «une valeur américaine, intégrée à la norme sociale et même au mode de vie américain»,