Boris Strougatski racontait en juin 2010 à Libération que l'histoire de Stalker était née d'un petit rien, d'une observation anodine. Un jour où il se promenait dans les bois avec son frère Arkadi, disparu en 1991, ils étaient tombés sur une clairière jonchée de déchets et d'une flaque d'huile. «Le soir même, nous avions inventé la visite, la zone, les chasseurs de miracles au sein de cette zone.» L'histoire de Redrick Souhart, un stalker (de «to stalk» en anglais, traquer) qui mène des incursions dans la zone, territoire visité par des extraterrestres et traversé par des phénomènes étranges, où se cacherait une boule dorée qui exauce le vœu le plus cher. Le roman, publié en 1972, avec pour surtitre original Pique-nique au bord du chemin, sera censuré à sa sortie. Lundi, son second auteur est mort à 79 ans.

Les deux frères ont commencé à écrire de la science-fiction à la fin des années 50. Arkadi, l'aîné, né en 1925, était officier de carrière et traducteur de japonais ; Boris, né en 1933, était devenu astrophysicien après ses études de mathématiques et d'astronomie stellaire. Deux compétences assez complémentaires, un équilibre dans l'écriture. Boris Strougatski : «Nous créions ce texte à deux, à parts égales, c'était la fusion de deux représentations. Ça n'était pas un sandwich ni une pâte feuilletée, mais bien un alliage.» Leurs textes, du space opera plutôt sombre, philosophique, avec des critiques sous-jacentes du s