La collègue d'espagnol qui traverse la cour du collège Mouloud-Feraoun en talons hauts et tailleur rouge. L'enfant qui attrape des bestioles pour son caméléon, car son père lui a expliqué qu'il était carnivore, et ne mangeait pas de feuilles d'eucalyptus. Le jeune émir Abd el-Kader qui emporte sa bibliothèque lorsqu'il évacue Saïda en 1841, après avoir fait détruire enceinte et palais, car l'armée française s'avance… Le nouveau livre de la romancière Dominique Dussidour est fidèle à la mémoire, à ses listes et à ses bibliothèques, à ses digressions. Il est rétif à toute continuité. Composé d'histoires, de moments, de portraits, de phrases légères comme des petits radeaux très solides, à partir de quoi le lecteur fabrique d'autres éclats et d'autres images, S.L.E. Récits d'Algérie est une autobiographie où il s'agit d'abord des autres.
Autres climats. L'auteur est professeur en Algérie, à Saïda, Saïda qui n'a pas changé de nom, dans les années 70, quand le pays est en pleine industrialisation et arabisation. «Il s'agit pour nous, enseignants, de faire de la première génération née après l'indépendance de jeunes citoyens sachant lire et écrire.» (D'où ce titre un peu rébarbatif : S.L.E.) C'est d'avant l'indépendance que datent les bâtiments, ils sont conçus pour d'autres climats, on y a trop chaud l'été. L'hiver, le chauffage ne marche pas, faute de fuel. Le livre de lecture est plein d'«enfants de la littérature française»,