«Bill Clegg, la parole est à la défonce», titra-t-on ici, quand parut chez Jacqueline Chambon Portrait d'un fumeur de crack en jeune homme (Libération du 13 janvier 2011). Ce «récit autobiographique» dépouillé, écrit en phrases courtes, racontait la chute dans la drogue d'un agent littéraire new-yorkais qui allait perdre dans l'aventure encore plus que son amant et son boulot, même si on avait le sentiment d'une sorte de rédemption quasi psychanalytique avec le retour, vers la fin du livre, de souvenirs d'enfance perturbants. A en croire la brève notice biographique en quatrième de couverture de 90 Jours, Bill Clegg est de nouveau agent littéraire. Mais pas encore dans ce «récit d'une guérison», paru cette année même aux Etats-Unis et qui est déjà traduit. Le texte commence quand le narrateur revient à Manhattan après la fin de sa cure et doit maintenant affronter librement son éventuel retour à la vie normale. Quatre-vingt-dix jours, c'est le temps qu'il doit passer consécutivement sans crack dans cette situation pour pouvoir objectivement se prétendre tiré d'affaire. Il y a bien sûr des moments difficiles mais les premiers jours passent quand même, et lecteur et narrateur ont rapidement le sentiment que le pris est pli, la guérison définitive sur les rails. Mais le pli se déprend et le personnage s'éprend à nouveau de sa drogue, si bien que, alors qu'il se croit presque au but, il lui faut tout recommencer à zéro, comme
Bill Clegg, Un, deux, trois… crack
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Le cahier Livres de Libédossier
par Mathieu Lindon
publié le 21 novembre 2012 à 19h02
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