Le tweeting a donné au milieu littéraire un indéniable surcroît de vitalité. Le 25 octobre, Pierre Bergé, mécène, ami des lettres (alias @pvgberge sur Twitter), faisait savoir à la ville et au monde que : «Un écrivain content de lui, c'est insupportable mais il y a pire : un critique content de lui. Lire le Feuilleton du Monde des livres. Page 8». Ces 140 signes tout ronds étaient expédiés droit dans les dents d'Eric Chevillard, qui tient le dit feuilleton. Ce jour-là, Chevillard avait consacré sa rubrique à une recension très ironique du dernier Alexandre Jardin, «notre plus grand génie comique, et sans doute ne le sait-il pas».
L'amusant de l'affaire est que Pierre Bergé est aussi président du conseil de surveillance du Monde. C'est-à-dire que, ce 25 octobre, nous avons eu le droit en direct, grâce à Twitter, à un lavage de linge en famille, ou presque. Ce jeudi était décidément un jour béni puisque, quatre heures plus tard, Edouard de Rothschild, cavalier, ami des lettres aussi, par ailleurs actionnaire de référence de Libération, se joignait à la conversation en émettant ce tweet énigmatique : «@pvgberge ♪♪». C'était peut-être une manière de réponse faite à Bergé, que l'on pourrait interpréter comme suit : «Eh ben mon Pierrot, tu ne lui as pas envoyé dire au Chevillard.» Ou peut-être était-ce au contraire une sorte de rappel à l'ordre rigolard : «Oh là, Pierre à feu ! N'aurais-tu pas enfreint quelque loi interdisant au