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Libération
Interview

«Le chant du lien»

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Le cahier Livres de Libédossier
Rencontre avec Luc Lang, fils fictionnant.
publié le 21 novembre 2012 à 19h02

Une maison à l’écart, havre de bois dans une ruelle plutôt déglinguée de proche banlieue. L’intérieur a été minutieusement pensé et pesé. Deux maisons en une, celle des parents face à celle des enfants, «la bande des quatre», et un fleuve de lumière entre les deux. Luc Lang, pieds nus, confie qu’il aurait également aimé être architecte. On se dit que l’auteur du tonitruant Mille six cents ventres paraît épris de proportions, d’harmonie et de tempérance. De matériaux aussi.

Sur la table basse de son bureau patiente un jeu de go. A 56 ans, Luc Lang, professeur d'esthétique, romancier et essayiste, vient de pousser vers l'extérieur une nouvelle pierre romanesque, Mother. Une prouesse. Cet homme sombre à première vue, à la fois cérébral et sensitif, n'aime guère se mettre en avant. Pourtant, il donne un livre sur sa mère, sans trémolos ou accents de haine. C'était un cas. Un ouragan permanent, violent, séduisant, épuisant, prête tous les quatre matins à quitter mari et fils valise au poing pour l'hypothétique homme de sa vie. Une existence hystérique pour le fils et Robert, père putatif du fils, que ce dernier s'est mis de lui-même à appeler papa à 5 ans. Un roman à la manière d'un philosophe, en tenant le sujet à distance pour ne pas se laisser submerger. Un roman ciselé, à l'oreille, au toucher, à l'humour. Mother prend le lecteur dans un tourbillon infernal, dans le va-et-vient d'Andrée, cette femme folle et lucide dans sa quête désespérée