Elles s'appelaient Liane de Pougy, Emilienne d'Alençon, Cléo de Mérode ou Mata Hari. Elles posaient nues et, ingénues, souriaient avec des airs d'ange dans des tenues orientales ou déguisées en nonnes sur des cartes postales aux couleurs sépia. «Artistes», danseuses ou modèles, elles aimaient la vie, les hommes et les chapeaux à plumes. Croqueuses de diamants, elles se laissaient «enfiler comme des perles», selon la délicate expression d'un contemporain. Les cocottes tinrent le haut du panier pendant quelques décennies - de la fin du XIXe siècle au début de la Première Guerre mondiale -, période d'euphorie, d'insouciance et de progrès technique que les historiens allaient nommer la Belle Epoque, avant que les tranchées de la Grande Guerre n'enterrent à jamais ce monde frivole.
Ces reines du tout-Paris furent célébrées par les peintres et les romanciers, ruinèrent grands ducs et têtes couronnées, et s’imposèrent comme les premières étoiles d’une presse à grand tirage avide de potins et de scandales. Un beau livre leur est consacré. Rencontre avec son auteure, la journaliste Catherine Guigon.
Plaisirs sardanapalesques
«La Belle Epoque, c'était une période d'insouciance… dans les classes aisées. L'Exposition universelle de 1889, durant laquelle fut construite la tour Eiffel, a été l'occasion d'une grande réconciliation de la France avec ses voisins. Paris est véritablement la Ville lumière, le centre du monde, où l'on s'amuse, où tous les souverains - russes, belges, espagnols, portuga