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Libération

Joseph Bialot, l’écriture après l’hiver

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Disparition . Maître du polar et témoin d’Auschwitz, l’auteur est mort dimanche à Paris, à 89 ans.
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publié le 27 novembre 2012 à 19h36

Son dernier roman, le puits de Moïse (Rivage), un récit médiéval sur fond de traque des juifs, des Lombards et des templiers par Philippe Le Bel vient de sortir. Jusqu'au bout, Joseph Bialot a eu la rage d'écrire. Devenu écrivain sur le tard après des vies mouvementées, ce juif d'origine polonaise, né Joseph Bialobroda en 1923 à Varsovie, a été reconnu comme l'un des maîtres du polar français depuis le Salon du prêt à saigner (Gallimard), grand prix de littérature policière en 1979.

«Pyjama». Le gosse, qui a grandi à «Ménilmuche» après que ses parents ont émigré à Paris, avait l'énergie des survivants. Lui-même se présentait avec humour comme un ancien «pyjama», en référence à l'uniforme rayé des déportés. «Je pète le feu, mais, à l'intérieur, je suis mort», racontait ce petit homme volubile au visage creusé qui ne s'était laissé abattre ni par les camps, ni par un cancer jugulé il y a un quart de siècle, ni par des problèmes coronariens qui lui ont valu un quadruple pontage. Gosse choyé, surcouvé par sa mère, il bascula dans l'horreur en juillet 1944. Réfugié à Grenoble, militant dans un mouvement de résistance juive mais jugé «insuffisamment sportif» pour être membre de l'organisation de combat, il est arrêté au hasard d'un contrôle et déporté à Auschwitz.

«On ne se remet jamais d'avoir vu ce qu'aucun être humain ne devrait voir», confiait-il. Juste après la Libération, il s'était mis à écrire, pour exorciser, deu