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Libération
TRIBUNE

La Librairie du Moniteur en redressement contre-productif

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par Dominique Carré, Editeur et Bernard Marrey, Editeur
publié le 27 novembre 2012 à 19h06

On n'aura pas l'occasion de trop s'émouvoir de la disparition de la librairie du Moniteur, place de l'Odéon à Paris, puisque l'affaire est déjà entendue. Grâce aux bons soins du fameux Leveraged Buy Out (LBO). On connaît le mécanisme qui est à l'œuvre. Vous empruntez aux banques de quoi racheter une société en bonne santé, vous remboursez l'emprunt avec les bénéfices dégagés, puis vous vendez. C'est ce qui arrive au groupe le Moniteur, avec une variante un peu technique, un dévoiement de la règle de base, le LBO multiple, qui permet de se repasser l'objet de convoitise tant qu'il lui reste un peu de sang dans les veines. Ainsi, le Moniteur, affaire au départ juteuse dans le business d'architecture, est passé en dix ans dans les mains de trois fonds de pension. Le dernier, le groupe anglais Bridgepoint, a une pressante envie de repasser au prochain la patate encore un peu tiède.

Le collectif anti-LBO - il existe, créé à l’origine par des militants de la CGT, recensait en France, fin septembre, 1 200 entreprises sous LBO. François Hollande lui-même s’est invité dans le débat au cours de sa campagne électorale en visitant le site de Still Saxby, une usine de chariots élévateurs sous LBO dans l’Oise, qui a fermé ses portes le 30 octobre bien qu’elle appartînt à une filiale allemande de Goldman Sachs (dont on ne connaissait pas l’intérêt pour la manutention). Sur les 235 salariés, seuls 60 ont la promesse d’être réembauchés par le nouveau repreneur.

Le Moniteur présente u