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Libération

August Strindberg, des tripes et des lettres

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publié le 28 novembre 2012 à 22h58

«Un auteur dont les œuvres complètes comptent plus de soixante-dix volumes a beaucoup d'occasions de se tromper. Strindberg les manquait rarement : ses écrits fourmillent d'assertions contradictoires, souvent déroutantes, parfois suspectes», écrit Elena Balzamo en introduction du troisième et dernier tome de sa Correspondance qui couvre les années 1894 à 1912 (né en 1849, le dramaturge, romancier, nouvelliste, autobiographe, poète et essayiste suédois est mort le 14 mai 1912). La maîtresse d'œuvre de cette édition française écrit : «Le véritable plaidoyer pour la responsabilité et la probité intellectuelle de Strindberg se trouve dans sa correspondance» et, «dans cet océan de neuf mille lettres», elle en a choisi au total six cent douze. On retrouve dans celles de ce dernier volume la violence et la combativité attachées à chaque œuvre de l'écrivain. «Tu n'as donc toujours pas de dents ! Comme tu ressembles à ton père ! Nous sommes tous les deux des agneaux et serons bientôt déchiquetés par le loup», écrit-il à sa fille Kerstin qui vient de naître mais il n'y a que Strindberg lui-même pour se voir comme un agneau. Et encore, pas si souvent que ça, lui qui est parfois agressé par sa propre méchanceté. A Kerstin encore, quand elle va vers ses quatre ans : «Je continue à écrire, mais comme je ne peux décrire que ce que j'ai vécu et que tout ce que j'ai vécu est horrible, mes écrits eux aussi sont horribles. Mais nous, les êtres h