La saison des prix est terminée. Quelques-uns des 600 nouveaux romans français et étrangers qui ont déferlé cet automne ont trouvé des lecteurs. La rentrée de janvier se profile déjà : la librairie tourne, plus ou moins. Mais le roman, lui, où va-t-il ? De quoi est-il fait ? Jean-Yves Tadié et Blanche Cerquiglini se sont penchés sur plus d’un siècle d’écriture romanesque, d’Anatole France à Aurélien Bellanger, pour tenter d’y distinguer des structures. Cette analyse dévoile un grand corps à la fois malade et pétant de santé.
Jean-Yves Tadié est un spécialiste de l'esthétique littéraire, éditeur de Proust et de Nathalie Sarraute dans la Pléiade, biographe de l'auteur de la Recherche, directeur des collections «Folio Classiques» et «Folio Théâtre» chez Gallimard. Normalien, Tadié fut aussi dans la Marine un épisodique matelot de 3e classe qui n'a guère navigué que sur le lac d'Hourtin, pour y apprendre à godiller (en vain). Blanche Cerquiglini, spécialiste de la littérature contemporaine, est son assistante chez Gallimard.
Comment est né ce livre ?
En 1990, j'avais publié un ouvrage, le Roman au XXe siècle (Belfond), dans lequel je m'étais demandé si le roman de ce temps pouvait être englobé dans une description par idées. Mes livres ne sont jamais historiques ni positivistes : ils cherchent à construire un modèle ou un système de concepts permettant d'appréhender rapidement tout un ensemble. La meilleure méthode, c'était de partir des grands massifs - ce qu'on app