La situation est classique, et irrésistible : Arrive un vagabond. Le vagabond, chez Robert Goolrick (ancien publicitaire venu tard à l'écriture), est sans passé, mais pas sans ressources. Il arrive au volant de son pick-up, il s'appelle Charlie et possède deux valises. Dans l'une, il y a de l'argent. Dans l'autre, des couteaux de boucher. Il taillera les meilleurs steaks du bourg quand il trouvera à s'employer. Ces dames, blanches et noires, seront ravies, désormais on mangera de la viande plus souvent à Brownsburg.
«Brownsburg, en Virginie, en 1948. Une ville comme il en existait immédiatement après la guerre, quand la terrible avidité américaine n'avait pas encore frappé, quand la plupart des gens vivaient une vie simple, sans aspirer à plus qu'ils ne pouvaient avoir.» C'est une vie d'avant la télévision, quand tout le monde écoute la radio en même temps. Le cinéma propose aux filles un modèle unique d'amours hollywoodiennes. Et surtout, «c'était une ville dans laquelle on n'avait jamais commis aucun crime».
Nul doute que l’étranger soit celui par qui le mal arrive. Mais pas comme on croit. Charlie est un innocent désarmé de 39 ans, adopté par la famille du brave boucher qui l’embauche : une épouse qu’il saura ne pas convoiter, un fils, Sam, 5 ans, dont il devient le meilleur ami. Leur maison est fraîche et propre. Il flotte sur la ville comme un parfum de bonheur. La passion va vicier l’air.
Alibi. Charlie rencontre l'amour, il n'au