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Libération

Mots certains pour maux incertains

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publié le 30 novembre 2012 à 20h26

C'est une riche idée qu'ont eue les deux protagonistes de la revue le Débat, Marcel Gauchet et Pierre Nora. Dans leur dernière livraison, ils cherchent à mettre des mots et du sens sur nos «incertitudes politiques». L'entreprise est ardue tant l'incertitude semble avoir saturé tous les domaines, public et privé, de notre monde en mutation. «Les développements de la technique, les transformations de la société et les évolutions de la politique, écrivent les auteurs, font surgir sans cesse des questions dont la nouveauté nous laisse désarmés, avec la confusion et le sentiment d'impuissance qui en résultent.»

Les grands dilemmes du champ politique ont été pris pour cible dans une série d'articles. Jérémy Perrin s'interroge d'abord sur «l'interminable agonie du néolibéralisme» : cinq ans après le début d'une crise violente, le système libéral fait preuve d'une stupéfiante résilience. Il reçoit, «plusieurs fois par mois, sinon par semaine, l'extrême-onction de l'histoire» mais «il occupe toujours seul le lieu du pouvoir». Aucune alternative structurée n'a encore émergé. L'opposition au libéralisme existe, mais elle est dispersée, inorganisée, purement réactive et souvent agitée par «la facilité trompeuse des slogans de l'indignation». L'auteur distingue plusieurs scénarios, noir ou optimiste, mais n'exclut pas une évolution «intermédiaire», plus probable : la persistance d'un «néolibéralisme au rabais»