Menu
Libération
Critique

«1948», la guerre promise du jeune Kaniuk

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Récit subtil de combats sauvages par l’écrivain israélien
publié le 5 décembre 2012 à 19h06

Début 1948, Yoram Kaniuk avait 17 ans et demi et il était lycéen à Tel Aviv. Avant même de passer le bac, il s’est engagé avec les clandestins du Palmach pour combattre les Anglais et les Arabes. Quand la bataille s’est achevée, l’Etat hébreu était né et sa vie à lui était définitivement bouleversée.

Dans 1948, écrit en 2010, le vieux et célèbre écrivain israélien essaie de retrouver le regard du jeune garçon qu'il était, parti au combat et à la mort pour une cause dont il ne savait pas grand-chose - «Il nous faudrait attendre la fin des hostilités pour découvrir que nous avions créé un Etat pour des gens qui n'y viendraient pas car ils étaient morts» - et avec pour toute formation une initiation à la natation et aux nœuds marins. Les combats qu'il raconte ont duré en tout quinze jours sur cinq semaines, c'est une boucherie. Dès les premières pages, on voit les corps coupés en deux par un obus, les visages brûlés, les parties génitales arrachées. Le jeune Yoram aurait dû mourir trente fois, ce sont d'autres qui sont morts à sa place, sous ses yeux. La moitié des garçons avec qui il a fait ses classes perdent la vie en quelques semaines.

Avenir. Dans cet enfer où il n'a le temps ni de penser ni de dormir, apparaissent parfois d'incertains et fragiles contrepoints : son père, qui vit dans l'amour de Goethe, Bach et Beethoven, des regards échangés avec les rares jeunes filles qui croisent son chemin. «La nuit, je rêvais de filles, mais pas d