Monsieur Toussaint Louverture fait des livres qui sont de beaux objets, qu'on a envie de garder et d'offrir à tout le monde. Preuve ici encore, quoique le texte, passée la couverture multijaquettes illustrée par Marie Michel, ne le soit pas forcément, pour tout le monde. Will Self fait le guide, le temps d'une préface en forme d'avertissement : attention, roman qui «brise les règles présumées de la composition littéraire», «difficile à lire - inutile de le nier», «exigeant», «déstabilisant».
«Plaie Lune». De fait, on s'y attaque un peu comme on relève un défi, lequel prend sa mesure dès les premières phrases : «Le jour de mon nommage pour mes 12 ans je suis passé lance avant et j'ai oxi un sayn glier il été probab le dernyè sayn glier du Bas Luchon. Toute façon y en avé plu eu depuis long tant avant lui et je me tends plus à en rvoir d'aurt.» Vous venez de lire du parlénigm (riddleyspeak en VO). Oui, tout le roman est en parlénigm, jargon qui, au départ, fait l'effet d'un SMS en vieux français envoyé par Claude Ponti au royaume du prince de Motordu. Puis on s'habitue.
Le parlénigm donc, la langue du héros éponyme, Enig Marcheur, qui raconte sa vie à la première personne depuis un monde postholocauste nucléaire, après le «Grand Boum», dans un avenir si lointain qu'il rappelle l'humanité à ses origines. La civilisation telle qu'on la connaît n'existe plus, retour à l'âge de fer, ruines, sup