C'est en suivant les traces de l'explorateur et écrivain André Thevet, autre grand navigateur, que l'historien Frank Lestringant a découvert un continent nouveau de la planète cartographique : la Cosmographie de Guillaume Le Testu. Un atlas extraordinaire, composé de cinquante-six cartes, magnifiquement édité chez Arthaud.
Guillaume Le Testu était avant tout un marin. Normand, il serait né au Havre vers 1509. On le classe parmi les cartographes de l’Ecole de Dieppe. Sa description du globe donne une idée des connaissances de l’époque. Le Testu est bien informé sur la côte Atlantique de l’Amérique. Il sera d’ailleurs le pilote du corsaire Francis Drake, rencontré aux Antilles.
Initialement confectionné pour l'amiral de Coligny - les armes et la devise du célèbre protestant y figurent -, cet ouvrage destiné aux collections royales y fut conservé jusqu'à la Révolution. Il y resta caché longtemps. Sa beauté le prédispose d'ailleurs à être vu dans le secret et à être analysé d'un point de vue plus esthétique que scientifique. Ce à quoi remédie Frank Lestringant. Sous son œil passionné mais critique, on voit Le Testu compiler toutes les connaissances accumulées à son époque - Magellan a bouclé son tour du monde trois décennies plus tôt - sans vraiment faire de choix ni remettre certaines croyances en question. On trouve par exemple dans la Cosmographie deux planches du Canada contradictoires, où Terre-Neuve apparaît tour à tour comme une île ou une presqu'île : u