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Libération

Jean Rouaud en parolier

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Le romancier signe des textes pour Talila.
publié le 14 décembre 2012 à 20h36

La première fois que nous les avons vus ensemble, c'était à une lecture croisée dans une librairie de la rue de Dunkerque, à Paris. Talila lisait ses petits textes sur son enfance de fille d'émigrés juifs polonais, et Jean Rouaud s'est mis à pleurer. Lui qui a si magnifiquement conté la tragédie et le bonheur de l'enfance (jusqu'à recevoir le Goncourt pour son roman les Champs d'honneur en 1990) ne pouvait qu'être sensible aux maux du souvenir. C'est donc tout naturellement qu'il a eu envie d'écrire pour elle. «J'adore cette idée-là, que le cheminement de ma vie m'ait amené, moi qui viens d'un milieu catholique traditionnel, à écrire une chanson comme le Temps des bonheurs », dit-il.

«J'ai un lien avec le yiddish tout de même. J'avais un grand-père tailleur et, dans son atelier, il ne travaillait qu'avec des juifs polonais, qui ne parlaient que cette langue.» Au début des années 2000, l'ex-kiosquier devenu romancier écrivait déjà des chansons. Pour Universal, avec Marie Nimier. «Je suis de la génération qui a appris la guitare avec trois accords et fait des chansons comme ça. Quand l'occasion s'est présentée, trente ans plus tard, cela a été comme une réparation de ce que je n'ai pu faire dans ma jeunesse.»

Un parcours musical qu'évoque son dernier roman, Une façon de chanter (Gallimard, 2012). «Le Temps des bonheurs, c'est ce qu'on appelle "une raconte", explique l'écrivain. On est dans l'évolution historique